Etude Subjective-Objective sur le paramètre d'ouverture de la trompette

I.2 Du rapport qu'entretiennent les trompettistes avec leurs trompettes.

Les cuivres forment un pupitre particulier de l'orchestre. Ils sont généralement reconnus comme étant de joyeux drilles au parler franc. Ils s'échangent régulièrement leurs instruments en pleine répétition, voire en plein concert. Est-ce par simple fantaisie? Sans doute pas.

Les trompettes, puisque ce sont elles qui nous intéressent ici, sont -aux dires de ceux qui en jouent- des instruments barbares, physiquement éprouvants. Il ne faut alors pas s'étonner si les trompettistes aimeraient bien trouver la trompette de leurs rêves, qui joue toute seule...
Sans en arriver là, la plupart des trompettistes sont toujours à la recherche d'une trompette juste, avec un bon centrage du son, une ouverture optimale, un timbre convenable, voire une bonne répartition du poids. (Tous ces termes sont expliqués dans le glossaire)
Cependant le problème n'a tout simplement pas de solution. Hormis le fait que LA trompette idéale ne peut exister, tant les différences d'expectatives sont grandes d'un musicien à un autre; Il faudrait -idéalement- une trompette par oeuvre, pour satisfaire son style. Oui, mais, les facteurs de cuivres le savent bien, il est physiquement impossible de faire en sorte que toutes les notes d'une trompette soient justes. Qu'à cela ne tienne, il nous faudra une trompette par note!

S'ils échangent parfois leur trompette, les trompettistes sont le plus souvent très attachés à leur embouchure. Cette petite pièce de métal revêt une importance particulière. Il faut reconnaître qu'elle est en contact (parfois violemment) avec les lèvres du musicien plusieurs heures par jour. Outre les raisons d'hygiène qui font que l'on hésite à prêter son embouchure, cette dernière finit par devenir partie intégrante de leur corps. Leurs lèvres connaissent bien l'embouchure, ils ont mis des années à les former, et n'ont pas envie de recommencer, ce qui est somme toute compréhensible.
Le même phénomène intervient dans une moindre mesure pour les instruments. Un trompettiste possède une maîtrise des muscles faciaux absolument incroyable. A chaque note correspond une configuration musculaire particulière, subtilement différente de la configuration pour la note suivante. Pour que la note émise soit juste, par rapport à l'accord de l'instrument, les lèvres et toute la musculature faciale doivent se trouver dans une configuration très précise qui, de plus, dépend de la nuance! Par contre, ces configurations, une pour chaque note, vont varier d'un instrument à un autre, notamment pour corriger les erreurs de justesse inhérentes à chaque instrument.

Pour ces raisons, un musicien préférera garder l'instrument dont il a l'habitude, même si il en trouve un quelque peu meilleur. En effet, il connaît les défauts de son ancien instrument et sait les maîtriser. Avec le nouveau par contre, il lui faudra un temps d'adaptation, au bout duquel, il peut se rendre compte que cet instrument est trop fatiguant...
 

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Dernière mise à jour le 6 Juillet 1998